"Aidons nous à être plus audacieux !"

Publié le par Vincent Jégou


Producteur laitier et Premier adjoint , Gilles Callarec et son épouse élevent une cinquantaine de vaches laitières et leur suite à Trémel.

Témoignage de Gilles Callarec, élu local et agricole, sur le contexte de la baie de St Michel en Grève.


Fédération :  En quelques semaines et notamment depuis la venue de François Fillon, le bassin versant de la Lieue de Grève a été sous les lumières des projecteurs, que cela vous inspire-t-il  

 

"Il faut bien reconnaître qu'on se serait bien passé d'être sous la lumière des projecteurs l'été dernier lors de la visite de la délégation ministérielle en baie de Saint Michel en Grève. Mais le bal était ouvert depuis l'accident survenu fin juillet, on ne peut qu'apprécier la démarche car c'est bien là le signe d'une prise de conscience de l'Etat dans un secteur fragile écologiquement parlant."

 

Fédération :  En tant qu’agriculteur et élu local , qu’est ce qui explique la spécificité de votre territoire agricole ?

 

"Même si on a pu être choqué de la façon dont le sujet a pu être traité dans les différents médias locaux, régionaux et malheureusement internationaux, il faut bien reconnaître que l'agriculture telle qu'elle se produit dans notre secteur peut avoir des effets pervers. Tous les spécialistes du domaine nous l'ont dit et redit. Engagé avec la profession depuis 1997 dans la réflexion, il faut bien admettre que notre situation géologique ne peut se permettre la même agriculture que dans d'autres secteurs. Et pour l'agriculteur que je suis, c'est bien frustrant : pourquoi n'ai je pas le même potentiel de culture ou d'élevage que mon collègue qui est à 20 ou 30 km ? Sans doute la faute à la Nature qui ne peut dans certains secteurs épurer comme elle le fait ailleurs ! Dans ce contexte avec 25 à 30 mg de nitrate/L, une majorité d'élevage bovin, et environ 45% de pâture dans la surface du BV, il nous a fallu réfléchir à d'autres pistes."

 

Fédération : Comment voyez vous la suite pour l’agriculture sur le secteur, quelles pistes sont mises en avant ? qu’attendez vous de l’Etat et du gouvernement ?

 

"Les scientifiques nous ont préconisé qu'il fallait aller encore plus loin, voire même de développer le système herbager. Oui, mais la PAC nous a bien incité vers autre chose jusque là, force est de le constater!  Et il n'y  a pas de raisons qu'un agriculteur dans une zone aussi sensible que la nôtre doive faire des efforts environnementaux supplémentaires sans contre partie. C'est là que nous attendons fortement de l'Etat et même de l'Europe : qu'ils nous aident vers une reconversion de nos moyens de productions vers des systèmes plus audacieux. Quant à la réduction des effectifs, je suis très réservé quant aux commentaires de certains car si nous devons passer vers plus de système herbager (plus de surfaces en herbe au détriment des cultures annuelles comme le maïs), il nous faudra bien quelques ruminants pour les consommer! Notre secteur géographique n'est probablement pas un secteur céréalier comme d'autres régions, aidons nous à y adapter l'élevage. Dans cette période de conjoncture très délicate pour la profession, il faut des moyens à la hauteur des ambitions pour que l'économie agricole puisse s'adapter aux enjeux, et la venue du Premier Ministre François FILLON en août dernier est, pour moi, gage de confiance pour relever ce défi. "

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article